Association Internationale pour la Sauvegarde de Tyr | Fondation Tyr
La Menace de l'Autoroute du Sud

Les travaux engagés par les Autorités libanaises, en septembre 1996, pour la réalisation de l'autoroute du Sud longeant le littoral sont presque achevés. La partie sud allant de Sarafand à Nakoura en passant par Tyr a été entamée.

Rappelons que le tracé traverse une zone très riche, peu fouillée, où plus de 26 sites archéologiques ont déjà été dénombrés comme en témoignent les découvertes fortuites récentes et le rapport de Monsieur Drocourt. Le tracé longe l'aqueduc romain allant de Ras el-Aïn à Tyr et coupe la muraille de Palae-Tyr, enceinte de près de 10 kilomètres de longueur construite par Alexandre le Grand selon le plan établi en 1802 par J.D. Barbié du Bocage. Il passe à proximité de Tell el Mashuq considéré par la plupart des archéologues comme le centre de l'antique Palae-Tyr. Renan y situe le temple d'Hercule Astrochiton et Movers le temple d'Ashtarout. Ce site abrite des tombes rupestres romaines ornées de magnifiques fresques dont certaines, révélées par les fouilles de Dunand en 1937 se trouvent au Musée de Beyrouth. La route de Borj el Chemali qui mène à Tyr se situe, comme le souligne M. Bernard Fonquernie, envoyé en mission à Tyr par l'UNESCO en 1996, implantée : "à l'aplomb même de l'aqueduc romain encore existant en cet endroit".

Par ailleurs, cette autoroute large de 100 mètres est prévue dans une des régions agricoles les plus fertiles du Liban, ce qui va causer un préjudice économique certain à la région. En outre, elle traversera une zone ouverte à l'urbanisation sans se préoccuper du respect de l'environnement, coupant ainsi la Tyr moderne en deux.

D’après la Direction Générale de l’Urbanisme, le projet d’autoroute doit être considéré aujourd’hui comme non modifiable : « les sondages auraient occasionné la découverte de vestiges archéologiques (tombes) mais ce serait une zone archéologique moins dense que le reste» !

Le Comité Scientifique International propose : « l’établissement d’une zone d’étude archéologique prioritaire, tout au long du tracé de la future autoroute. Cette décision d’ordre juridique, administratif et financier devrait permettre de fixer un programme ainsi qu’un calendrier de recherches, de sondages et de fouilles à mener préalablement au début des travaux de réalisation de cette autoroute ».

M. Drocourt recommande : « de tenir compte pour la définition du tracé final de l’autoroute de l’emprise extensive du site archéologique de Tyr dont l’inscription sur la Liste du Patrimoine Mondial, confirmée par le Délégué Permanent du Liban auprès de l’UNESCO, mentionne le territoire de Tyr depuis Sarafand au Nord jusqu’aux collines à l’est et donc Borj ech-Chemali. La présence visible de l’aqueduc antique, confirmée par les gravures anciennes, et l’occupation systématique des hauteurs dominant le site de la vieille ville durant l’antiquité et le moyen-âge nécessite la sauvegarde de secteurs stratégiques tels que les contreforts de Ramali et Nabbaah (Tell el-Maachouq) ».