Une ville, Tyr, témoin des hommes et de leur grandeur depuis six mille ans, qui a abrité successivement les Phéniciens, les Perses, les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Arabes, les Croisés, les Ottomans...
Un continent et des peuples qui portent le nom d'une nymphe, Europe...
Mosaïque trouvée à Byblos, époque romaine, fin II° - début III° siècle ap. J.-C.
Observant les détails de la mosaïque, l'auteur classique Achille Tatius offre sa version de l’enlèvement d’Europe : "Le taureau avait été représenté au milieu de la mer, chevauchant les vagues (...). La jeune fille était assise au milieu de son dos, non pas à califourchon mais de côté, les deux pieds sur la droite et elle tenait les cornes de sa main gauche comme un conducteur de char tient les rênes, et, en fait, l'animal obliquait légèrement dans cette direction, obéissant à la pression de la main. Le buste de la jeune fille était recouvert d'une tunique qui lui descendait jusqu'en bas des jambes ; plus bas, une robe dissimulait la partie inférieure de son corps (...).
Ses mains étaient éloignées l'une de l'autre, l'une sur les cornes du taureau, l'autre sur sa croupe, et dans l'une et l'autre, elle tenait au-dessus de sa tête une large écharpe qui voltigeait autour de ses épaules, et l'étoffe se creusait et se gonflait de toutes parts ; c'était la façon pour le peintre de représenter le vent. Ainsi la jeune fille était-elle installée sur le taureau comme un bateau en mer et son écharpe lui servait de voile".
Un mythe qui narre comment un dieu de tonnerre et des nuées, Zeus, enleva, sous l'apparence d'un blanc taureau cette jeune vierge, fille d'Agénor, roi phénicien de Tyr et l'emporta vers la Crète. De leur union naîtront quatre fils dont Minos, le plus célèbre par sa justice et sa sagesse qui fut le premier roi de Crète.
L'Europe trouva ainsi son nom de baptême et le monde son système de communication le plus utile, puisque Cadmos, le frère d'Europe qui partit en vain à sa recherche, fonda Thèbes et enseigna aux Grecs l'usage de l'alphabet phénicien...
A travers l'héritage d'Europe, la nymphe et de Tyr, sa ville natale, de nombreux peuples se sont ouverts aux immenses apports des civilisations du Moyen-Orient qui ont systématisé pour la première fois, en Egypte, à Sumer, les cohérences de l'univers. Et c'est ainsi aussi que l'expansion phénicienne, dont Tyr fût le centre, consolidera cet horizon d'échanges permanents du XIe au VIIIe siècle av. J.-C. en apportant un message de paix et de civilisation à de nombreuses contrées méditerranéennes.